Sevoflurane versus anesthésie intraveineuse : une analyse Patients-Planète-Profits appuyée par les dernières études.
Pour nos patients
Une méta-analyse avec plusieurs dizaines de milliers de patients montre que la mortalité périopératoire ne dépend pas du choix entre l’anesthésie par inhalation et le propofol comme agent d’inconscience. Plusieurs issues secondaires, dont les nausées et vomissements post-opératoires, le délirium à l’émergence et la qualité de la récupération étaient améliorés en utilisant le propofol comme agent d’inconscience, alors qu’aucune issue secondaire n’était meilleure chez les patients recevant une anesthésie par inhalation (Kampman et al, 2025).
Pour la planète
Émissions de gaz à effet de serre
Les dernières études qui prennent en compte le cycle de vie complet des agents et des outils nécessaires pour leur administration montrent que les émissions de gaz à effet de serre sont (Bernat et al. 2025) :
- Environ 8 fois moindres pour une anesthésie générale intraveineuse (TIVA) au propofol versus une anesthésie au sévoflurane en utilisant une machine d’anesthésie à objectif de concentration et de bas débits de gaz frais (DGF moyen de 0.8 lpm)
- Environ 10 fois moindres que le sévoflurane avec bas DGF et concentration ajustée manuellement
Écotoxicité
Environ 20 fois plus d’ingrédients pharmacologiques actifs (API) par heure d’anesthésie sont nécessaires pour obtenir un effet clinique semblable avec le sévoflurane versus le propofol (Kalmar et al 2025). Ces agents et leurs métabolites sont ensuite relâchés dans l’environnement.
Le propofol peut s’accumuler dans l’eau est les organismes vivants, mais les quantités sont faibles et il existe plusieurs possibilités de dégradation biologique, photochimique ou inorganique pour la molécule. L’incinération est la méthode reconnue pour disposer du propofol non utilisé (Kalmar et al 2025).
Les multiples liens carbone-fluor du sévoflurane et ses produits de dégradation en font des molécules qui rencontrent certaines définitions de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS). Les PFAS sont des molécules extrêmement persistantes dans l’environnement et dont la toxicité pour le vivant est un sujet de recherche actif. L’acide trifluoroacétique (TFA), une molécule produite lors de la dégradation atmosphérique du sévoflurane, est sans voie de dégradation biologique, photochimique ou inorganique connue. Conséquemment, la TFA produite par dégradation des halogénés hautement fluorés dans l’atmosphère est lessivée par la pluie pour se retrouver en concentrations mesurables et croissantes dans les eaux de surface et la nappe phréatique partout sur la planète (Kalmar et al. 2025).
Débits de gaz frais et chaux sodée
Que ce soit pour nos patients, nos finances ou la planète, le DGF le plus faible possible est le meilleur avec le sévoflurane.
Avec le propofol, des débits de gaz frais plus grands que la ventilation minute minimisent la consommation de chaux sodée. Le filtre entre l’embouchure du circuit et le tube endotrachéal assure l’humidification et le réchauffement des gaz inspirés. Une FiO2 minimale pour les besoins en oxygénation du patient diminue encore plus l’impact environnemental et financier (Jouwena et al, 2025).
Profits ($)
Sur le parcours total du patient incluant ses soins postopératoires immédiats, il ne semble pas avoir de différence importante dans le coût financier d’une anesthésie au propofol versus une anesthésie au sévoflurane (Kampman et al, 2025)
Kampman et al, British Journal of Anaesthesia 2025, 134 (6): 1606-1609
Bernat et al, British Journal of Anaesthesia 2025, 134 (6): 1620e1627
Kalmar et al, Anesthesia & Analgesia 2025, 140(3): 740-742
Jouwena et al, Best Practice & Research Clinical Anaesthesiology 2025